La Marne Viticole : “AR Lenoble : Une fratrie pragmatique” – Pour la maison AR Lenoble, le respect de l’environnement s’inscrit dans un cadre global

Voici un très joli article écrit par Guillaume Perrin dans La Marne Viticole (septembre 2017) sur le respect de l’environnement chez AR Lenoble.

Voici l’article dans le magazine en PDF: 24_MARNE VITI SEPTEMBRE (FD)

Pour la maison AR Lenoble, conduite par Anne et Antoine Malassagne, le respect de l’environnement s’inscrit dans un cadre global.

Anne Malassagne gère avec son frère Antoine la maison AR Lenoble, sise à Damery. Les arrière-petits-enfants du fonda­teur, Armand-Raphaël Graser, possèdent une vision très précise et pragmatique de la conduite du vignoble, à une époque où le respect de l’environnement devient un point crucial à suivre. Le vignoble de la maison, 18 ha majoritairement situés autour de Chouilly, est certifié HVE (Haute Valeur Environnemen­tale) niveau 3 depuis septembre 2012. «C’est l’aboutissement d’un travail de 20 ans sur nos pratiques, et d’une seule idée : diminuer les traitements au maximum. Et pour avoir le raisin le plus sain possible, il faut lui créer un environnement favo­rable», témoigne Anne Malas­sagne.

C’est la traduction d’une double philosophie, où la fratrie Malassagne considère que le plus important «est de rentrer des raisins sains, ce qui limite les traitements en cuverie». Le duo apprécie dans le label HVE une «vision globale, pérenne et pondérée, qui inclut l’embellissement de l’environnement et l’utilisation de l’eau, et qui répond à la problématique d’un climat septentrional tel que celui de la Champagne».

Car la prise en compte du paysage est primordiale pour ce domaine champenois. Création de talus, plantation d’arbres, murs en pierre érigés : un pay­sage harmonieux a été créé, et les sols s’en sont trouvés conso­lidés. «Grâce à tout cela, l’eau ne ravine pas en temps de pluie. La terre et les nutriments qu’elle contient restent au pied de la vigne», explique Anne Malas­sagne.

Avec son frère, la dirigeante a également eu à coeur de pré­server la loge de vigne de leur grand-père. Cette «maison secon­daire» bâtie à Bisseuil en 1947 a fait l’objet de travaux de rénovation l’hiver dernier.

En 2012, le Parc naturel régional de la Montagne de Reims avait recensé 120 loges de vigne similaires. «Malheureusement, sous la pression de la mécanisa­tion et de l’inflation du prix du foncier, une grande partie de ces loges ont été détruites ou abandonnées. Elles sont pourtant un vrai lien au territoire, à notre histoire et contribuent à l’identité du paysage viticole champenois», regrettent les Malassagne.

Bien entendu, cette politique paysagère s’accompagne de décisions affectant directement le vignoble. Ainsi, depuis 15 ans, l’enherbement des vignes a entraîné une «forte réduction» des rendements. Parmi les conséquences constatées par Anne Malassagne, «le raisin se nourrit mieux, le vent circule davantage dans les rangs pour sécher les grappes après la pluie, et stoppe plus rapidement le développement des maladies. C’est un cercle vertueux !».

Sur ce point, les dirigeants de la maison AR Lenoble font preuve de pragmatisme. Les sols sont griffés et labourés en surface afin de contrôler la pousse de l’herbe, et dans le but de suppri­mer les racines superficielles, permettant ainsi à la vigne d’al­ler chercher sa nourriture plus loin. «Nous avons constaté que l’herbe entre en compétition avec la vigne et fait souffrir celle-ci. Pour pallier cette difficulté, nous réalisons depuis plus de cinq ans des traitements bio d’engrais et d’oligoéléments foliaires qui ren­forcent l’immunité de la plante et le système racinaire», précise Anne Malassagne.

Confusion sexuelle, absence d’engrais chimiques, herbicides réduits au strict minimum, limitation «drastique» des intrants phytosanitaires pour lutter contre l’oïdium et le mildiou… Les Malassagne font preuve de souplesse dans leur conduite du vignoble. «Je n’ai pas de problème à dire que le bon produit appliqué au bon moment peut sauver une récolte !», martèle Anne, exaspé­rée des «fausses dichotomies» qui peuvent exister entre les partisans de positions très tran­chées, que ce soit en viticulture conventionnelle ou en bio.

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