Le chant des artisans ! La Revue du Vin de France voit en la maison AR Lenoble une des pépites très prometteuses pour la Champagne !

En nommant Anselme Selosse vigneron de l’année, La Revue du vin de France crée un précédent : depuis l’origine,  aucun vigneron n’avait reçu cette distinction deux fois. Quel chemin accompli. En 1993, La RVF saluait un jeune homme de 39 ans, mince et timide, franc-tireur du bio dans une Champagne encore vouée aux gémonies des gadoues urbaines. Et c’est un maître-artisan au nom mondialement respecté que nous récompensons aujourd’hui, un viticulteur opiniâtre, expérimentateur et visionnaire qui, parti avec cinq hectares, le soutien de sa femme Corinne et une idée du vin authentique, a au fil des millésimes modifié en profondeur l’esprit et sans doute la définition du grand vin de Champagne. Selosse, ce sont d’abord des champagnes qui ne ressemblent à aucun autre, ni par le goût, ni par la robe, ni par l’histoire. Des vins typés, vineux, finement évolués qu’il suffit de goûter une fois pour s’en souvenir toute sa vie.

Mais Selosse, c’est également cette révolution copernicienne partie d’Avize, haut-lieu de la Côte des Blancs, une remise en question qui en ces temps de mondialisation devient un atout décisif pour la Champagne. La planète, en effet, n’a jamais eu aussi soif de bulles, ce qui attise la concurrence et pèse sur les prix. Les proseccos italiens, moins chers et parfois très bons, ont ainsi pour la première fois détrôné le champagne à Londres. À Reims comme dans l’Aube, l’heure est à la hausse des volumes, au rognage des coûts de production pour sauvegarder les profits. Voire aux délocalisation. Après avoir 65 ans durant fêté leurs victoires en brandissant des jéroboams de champagne Moët & Chandon puis de Mumm, les pilotes de F1 s’arrosent désormais au simple mousseux Chandon, produit par LVMH en Chine, au Brésil, en Inde, en Californie ou en Australie. Partout dans le monde sauf en Champagne.

Le succès d’Anselme Selosse ouvre une voie différente : portée depuis près de deux siècles par ses marques historiques, les Moët, Veuve Clicquot, Lanson, Heidsieck Monopole, Laurent-Perrier, Pommery, Louis Roederer, Mercier, Perrier-Jouët, la Champagne, grâce à ses vignerons ou par ses petites maisons telles Jacquesson, AR Lenoble ou Billecart-Salmon, est désormais capable de faire rêver.

Des hommes et des femmes qui travaillent dur, produisent un vin unique et réussissent à ringardiser les gros faiseurs prêts à tout pour gagner leur place en linéaires chez Lidl ou Carrefour, parfois sous la barre des 10 euros. 

Pour rester magique, le vin français, synonyme de culture, ne peut se contenter de décliner les méthodes mises au point chez Procter & Gamble, Mars ou Coca-Cola. Et l’on voit désormais, ce qui était impensable il y a 25 ans, les bulles haute couture d’un Anselme Selosse s’afficher sur les tables branchées de New York, de Tokyo et de Londres et incarner le rêve associé au style français.

“Avec Selosse, il est devenu clair que les petits sont l’avenir de la Champagne”, reconnaît très sportivement François Roland-Billecart, qui lui aussi, à Mareuil-sur-Aÿ, s’attache à combattre la course aux volumes.

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