Selon Les Echos: “Lenoble entre dans l’aristocratie du champagne.”

La chronique vin de Jean-Francis Pécresse : Lenoble, anoblissement d’un champagne

« C’est une révolution ? Non, Sire, c’est une évolution. » À qui lui vante une transformation, Anne Malassagne répond « amélioration ». Copropriétaires de la maison Lenoble, elle et son frère Antoine n’ont certes pas changé la manière d’élaborer leur champagne, ils l’ont perfectionnée. Ils n’ont certes pas inventé un procédé, mais ils ont choisi d’appliquer une méthode rare, exigeante et onéreuse, qui était jusque-là l’apanage de Bollinger. Cette recette peu connue consiste à élever en magnums bouchés de liège les vins dits « de réserve ». Toujours conservés en cuves, en petits fûts ou en grands foudres, ces assemblages de vins issus d’années successives (en général quatre ou cinq) sont ajoutés à la dernière récolte : ensemble, chaque année, ils constituent la nouvelle cuvée… « sans année ».

Ce n’est pas simple ? C’est normal, c’est du champagne. Si Bollinger a voulu, voici des décennies, se compliquer la vie en faisant vieillir ses vins de réserve en magnums de verre, c’est parce que le procédé offre le double avantage de ménager une oxydation douce et d’apporter de la fraîcheur à la cuvée assemblée. C’est cette voie royale mais ardue qu’a empruntée Lenoble il y a huit ans. Cette année-là, Anne et Antoine Malassagne décident d’élever en magnums 15% de leurs vins de réserve. En 2014, tous ont été ouverts, au tire-bouchon, pour être assemblés à la récolte de l’année. Quatre nouvelles années de vieillissement et une opération de dégorgement plus tard – terme qui désigne l’expulsion des lies mortes lors de la formation de la mousse -, Lenoble lance ces jours-ci les deux premières cuvées issues de cette nouvelle génération, Intense et Blanc de blancs, identifiées par le logo Mag 14 apposé au-dessus de l’étiquette.

Mais le vrai changement est à l’intérieur, avec des vins qui ont gagné en fraîcheur et en tension, quitte à glisser légèrement vers un style plus oxydatif que réductif. Heureusement, ils n’y perdent pas en complexité et y gagnent en éclat. Mieux élevé, Lenoble entre dans l’aristocratie du champagne. Mieux : il est bien dans l’air du temps chaud car cela devient un vrai défi, en Champagne, avec ces acidités qui baissent à mesure que les degrés grimpent, de garder leur fraîcheur aux vins de réserve.

Pour lire l’article dans Les Echos : https://weekend.lesechos.fr/gastronomie-et-vins/vins/0302311416521-la-chronique-vin-de-jean-francis-pecresse-lenoble-anoblissement-dun-champagne-2209224.php

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